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sion : ce qui n’adviendra jamais si celui qui écrit l’histoire a les parties qui lui sont nécessairement requises pour mériter le nom d’historien, qu’il soit dépouillé de toute affection, sans envie, sans haine ni flatterie, versé aux affaires du monde, éloquent, homme de bon jugement, pour savoir discerner ce qui se doit dire et ce qui se doit laisser, et ce qui nuirait plus à déclarer qu’il ne profiterait à reprendre et condamner ; attendu que sa fin principale doit être de servir au public, et qu’il est comme un greffier, tenant registre des arrêts de la cour et justice divine, les uns donnés selon le style et portée de notre faible raison naturelle, les autres procédant de puissance infinie et de sapience incompréhensible à nous par-dessus et contre tout discours d’humain entendement, lequel ne pouvant pénétrer jusques au fond des jugements de la divinité, pour en savoir les motifs et les fondements, en attribue la cause à ne sais quelle fortune, qui n’est autre chose que fiction de l’esprit de l’homme s’éblouissant à regarder une telle splendeur et se perdant à sonder un tel abîme, comme ainsi soit que rien n’advient, ni ne se fait sans la permission de Celui qui est justice même et vérité essentielle, devant qui rien n’est futur ni passé et qui sait et entend les choses casuelles nécessairement. Laquelle considération enseigne aux hommes de s’humilier sous sa puissante main, en reconnaissant qu’il y a une cause première qui gouverne supernaturellement, d’où vient que ni la hardiesse n’est pas toujours heureuse, ni la prudence bien assurée. »

Si la prose d’Amyot est excellente, exquise, on ne saurait en dire autant de sa poésie. Dans ses récits il