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d’employer à la gloire de Dieu du moins une partie des talents que nous en avons reçus. »

À la bonne heure, et l’on ne saurait mieux dire ; mais j’ose penser que le poète eût pu mieux faire ; autrement il faudrait s’en prendre au genre lui-même et l’on ne devrait plus du tout s’étonner du jugement sévère porté sur le théâtre par le plus grand nombre des théologiens et des moralistes. Il nous paraît donc regrettable à tous égards que le grand Corneille ait autant subi la tyrannique influence de son époque dont le Misanthrope dit si bien dans sa rude franchise :

     Le mauvais goût du siècle en cela me fait peur.

Terrible mauvais goût puisque nous lui devons tant de fadeurs amoureuses, de tirades à la Céladon qui choquent dans les chefs-d’œuvre mêmes du poète lequel n’avait pas besoin de ces mesquins agréments. Son génie naturellement moral, sain, viril, aurait bien mieux encore mérité l’éloge que faisait de lui Napoléon à Sainte-Hélène : « La tragédie échauffe l’âme, élève le cœur, peut et doit créer des héros. Sous ce rapport peut-être, la France doit à Corneille une partie de ses belles actions ; aussi, messieurs, s’il vivait, je le ferais prince[1]. »

  1. Mémorial de Sainte-Hélène, à la date du 26 février 1816.