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sive comme on l’a vu), des études profanes. Mais nous appartient-il de l’en blâmer nous qui lui devons tant de travaux d’une utilité si grande au point de vue littéraire, et en particulier ces Vies des Hommes illustres, dont la traduction, par le mérite du style, est devenue un livre original.

Grâce au bon Amyot, comme l’appelait Bernardin de St-Pierre, et à sa langue facile, colorée, abondante et qui jaillit à grands flots de la meilleure source gauloise, le bon Plutarque est pour nous tout français et ses héros, grecs et romains, nous sont familiers autant que ceux de notre pays, voire les contemporains. Pour les lettrés et les hommes de savoir et d’étude, ce livre est une mine qu’on ne se lasse pas de fouiller assuré d’y trouver toujours quelques nouveau filon. Pour d’autres lecteurs et en particulier pour les jeunes gens, la traduction d’Amyot ne serait pas toujours sans inconvénient ; car dans sa langue hardie, qui d’ailleurs était celle de son temps, il use peu des périphrases, et certains détails de mœurs, qui ne sont point à l’honneur des Grecs et des Romains, nous sont présentés dans toute leur nudité. Cet inconvénient, qui tient à la consciencieuse fidélité du traducteur comme à la langue qu’il parlait, nous ne pouvions le dissimuler et néanmoins nous trouvons, que c’est avec toute raison qu’Amyot a pu dire, en parlant de son livre, dans son excellente épître aux lecteurs :

« Si nous sentons un plaisir singulier à écouter ceux qui retournent de quelque lointain voyage, racontant les choses qu’ils ont vues en étrange pays, les mœurs des hommes, la nature des lieux, les façons de vivre