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En outre de ce qui revenait à ses héritiers naturels, Amyot fit un assez grand nombre de legs pieux ; il laissa en particulier cinq cents livres à l’hôpital d’Auxerre. Il n’est pas exact d’ailleurs qu’on ait trouvé chez lui beaucoup d’argent ainsi que l’ont prétendu des biographes qui écrivaient longtemps après sa mort et dont les assertions ont été trop facilement acceptées. D’abord, en devenant évêque, il avait résigné la plus grande partie de ses bénéfices. À une certaine époque, sans doute, grâce à la munificence des rois ses anciens élèves, et aux émoluments de ses hauts emplois, il était devenu presque riche, mais les premiers tumultes de la Ligue naissante, en outre de la persécution dont on a parlé, lui firent essuyer de grandes pertes qu’on évalue au minimum, à cinquante mille écus. Aussi au mois d’août 1509, écrit-il au duc de Nevers : « Me trouvant, pour le présent, le plus affligé, détruit, et ruiné pauvre prêtre qui soit, comme je crois, en France… le tout pour avoir été officier et serviteur du roi ; étant demeuré nu et dépouillé de tous moyens ; de manière que je ne sais plus de quel bois (comme l’on dit) faire flèche, ayant vendu jusqu’à mes chevaux pour vivre ; et pour accomplissement de tout malheur, cette prodigieuse et monstrueuse mort[1] étant survenue, me fait avoir regret à ma vie. »

Et précisément, ces épreuves, si pénibles qu’elles fussent, étaient envoyées au digne évêque pour le détacher de ce qui passe et aussi lui servir d’une sorte d’expiation pour sa préoccupation longtemps trop exclu-

  1. Celle de Henri III, son bienfaiteur.