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un émissaire du cordelier qui, armé d’une hallebarde, criait à pleine gorge : « Courage, soudard, messire Jacques Amyot est un méchant homme, pire que Henri de Valois. Il a menacé de faire pendre notre maître Trahy ; mais il lui en cuira. »

L’influence du cordelier et de ses adhérents fut telle que l’évêque ne put officier dans la cathédrale et même il dut s’abstenir d’assister aux offices dans les jours les plus solennels ; ses ennemis prétendaient et avaient fait croire qu’il était excommunié et suspendu à divinis comme ayant communiqué avec le roi et pour d’autres motifs qu’on ne précisait point. Pour ramener à l’obéissance les opposants soit du peuple, soit du clergé, il ne fallut rien moins que des lettres d’absolution en forme signées du cardinal Cajetan, avec défense au chapitre comme au frère Trahy de molester désormais leur évêque. Ces lettres, datées de Paris (6 février 1509), mirent fin à la persécution et le prélat, après avoir été félicité par cinq membres du chapitre au nom de leurs collègues, se vit réintégré dans toutes ses fonctions et n’eut plus à souffrir de nouvelles épreuves ; aussi se fit-il un devoir comme un plaisir de résider dans son diocèse, ce qui lui fut d’autant plus facile que, par la mort de Henri III, tous ses liens avec la cour se trouvaient rompus.

« Il commença donc, dit l’abbé Le Bœuf, à ne plus s’occuper que des fonctions spirituelles, et dès le 7 mars, jour des Cendres, il reprit son ancien usage de prêcher, sans paraître déconcerté ni ému par tout ce qui était arrivé depuis un an, sans employer les invectives ni les déclamations contre personne ; ce qui parut digne d’ad-