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LA CONDAMINE ET JENNER



« On peut dire de La Condamine, écrivait naguère le judicieux M. Biot, que le trait saillant de son caractère, la cause principale de ses succès dans les sciences, dans les lettres et dans le monde, fut la curiosité, mais une curiosité active, unie à des qualités solides, telles que l’ardeur, le courage et la constance dans les entreprises[1] ! »

Delille, de son côté, nous dit dans son Éloge de La Condamine, « un des plus beaux morceaux de prose que ce grand poète ait écrits », comme s’exprime Biot qui n’exagère pas : « Sa passion dominante fut cette curiosité insatiable. Ce doit être celle de ce petit nombre d’hommes destinés à éclairer la foule, et qui, tandis que les autres s’efforcent d’arracher à la nature ses productions, travaillent à lui dérober ses secrets. Sans ce puissant aiguillon, elle resterait pour nous invisible et muette ; car elle ne parle qu’à ceux qui l’appellent ; elle ne se montre qu’à ceux qui cherchent à la pénétrer ; elle ensevelit ses mystères dans des abîmes, les place sur des hauteurs, les plonge dans les ténèbres, les montre sous de faux jours. Et comment parviendraient-ils

  1. Notice sur La Condamine, par Biot.