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château et retint le monarque prisonnier. Et dans la première émotion de sa colère, il se fût emporté peut-être aux dernières extrémités, s’il n’eût été retenu par ses conseillers dont était Commines qui réussirent, non sans peine, à réconcilier les deux princes.

« Comme le duc arriva en sa présence, la voix lui tremblait, tant il était ému, et prêt de se courroucer. Il fit humble contenance de corps ; mais son geste et parole était âpre, demandant au roi s’il ne voulait pas tenir le traité de paix, qui avait été écrit et accordé, et si ainsi le voulait jurer, et le roi lui répondit que oui… Ces paroles éjouirent fort le duc ; et incontinent fut apporté le dit traité de paix, et fut tirée des coffres du roi la vraie croix, que saint Charlemagne portait, qui s’appelle la croix de la victoire ; et jurèrent la paix ; et tantôt furent sonnées les cloches par la ville : et tout le monde fut fort éjoui. Autrefois a plu au roi me faire cet honneur de dire que j’avais bien servi à cette pacification[1]. »

En effet, dans ses lettres patentes, plus tard Louis XI déclara qu’il avait obligation à Commines, lors de sa détention à Péronne. Louis, qui se connaissait en hommes et qui avait vu Commines à l’œuvre, ne négligea rien pour se l’attacher, et il y réussit d’autant mieux que le chambellan de Charles, témoin de ses violences, prévoyait que, dans un temps plus ou moins éloigné, ce caractère fougueux et emporté causerait sa ruine. Aussi ne se fit-il pas trop prier pour l’abandonner et passer au service de Louis XI (1472).

Charles, furieux, ordonna la confiscation de tous ses

  1. Commines, Liv. II.