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en pouvait absoudre » des gens passionnés et violents, comme il s’en rencontre toujours dans les grandes commotions populaires, voulurent qu’Amyot en eût été complice. Un certain Claude Trahy, gardien des cordeliers à Auxerre, le publia partout et même dans la chaire déclarant que non-seulement l’évêque et grand aumônier avait connu par avance l’attentat projeté, mais qu’il l’avait conseillé et que, le meurtre accompli, il avait donné au prince l’absolution sacramentelle.

Ces calomnies n’eurent que trop d’écho dans la ville où le cordelier jouissait d’un certain crédit et il réussit à prévenir absolument le populaire et même une partie de la bourgeoisie contre l’évêque que Trahy haïssait parce que les jésuites lui avaient été préférés pour la direction du collége. Amyot averti cru prudent d’ajourner son retour et d’attendre que, par la réflexion, le calme se fit dans les esprits et il ne se mit en route que plusieurs mois après, vers le temps du carême. Mais les ennemis du prélat avaient continué par leurs discours et même par des prédications d’entretenir l’irritation et, le mercredi saint, lorsqu’Amyot rentra dans sa ville épiscopale, il courut par deux fois risque de la vie ; lui-même nous l’apprend dans le mémoire qu’il crut devoir écrire pour se justifier. « La pistole (pistolet) lui fut présentée à l’estomac par plusieurs fois et il y eut plusieurs coups d’arquebuse tirés, de sorte qu’il fut obligé pour se sauver la vie d’entrer promptement dans la maison d’un chanoine et passer de celle-là dans une autre, pour faire perdre sa trace à ceux qui le poursuivaient. » Sa crainte était d’autant mieux fondée que sur la place de St-Étienne il avait pu voir et entendre