Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rain. Il n’y réussit point entièrement parce qu’il aurait fallu pour obtenir un tel succès que Louis XIV cessât d’être catholique ; mais le mal qu’il fit pour l’avoir tenté fut irréparable. »

Néanmoins il ne faut pas dire : « Qu’importe ! » à propos du repentir tardif de Colbert tourmenté sur son lit de mort, d’après ce qu’on rapporte, de remords et d’anxiétés qui prouvent qu’en agissant comme on l’a vu, dans l’intérêt de son ambition seule, il faisait violence à sa propre conscience :

« Oh ! s’écriait-il avec une amère douleur, combien n’étais-je pas aveugle et insensé ? Hélas ! si j’avais fait pour le Roi du ciel la moindre partie de ce que j’ai fait pour un roi de la terre, si j’avais donné au souci de l’éternité un peu davantage de ce temps prodigué si malheureusement à de vaines sollicitudes, hélas ! je serais en ce moment plus tranquille ! »

Un autre et grand sujet d’inquiétude pour le mourant dut être le ressouvenir de certaines opérations financières, au profit de l’État, sur lesquelles autrefois il avait pu se faire illusion, mais qu’il appréciait comme la probité sévère avait fait dès lors. À Colbert, comme on l’a souvent répété « Louis XIV dut ce rétablissement des finances qui le rendit en peu d’années maître si tranquille et si absolu de son royaume ; mais il n’est pas inutile d’observer, pour réduire à sa juste valeur ce qui, au premier coup d’œil, pourrait sembler un effort du génie, que cette restauration financière ne fût opérée que par un odieux abus de ce pouvoir qui déjà ne voulait plus reconnaître de borne et qu’une banqueroute fut le moyen expéditif que le contrôleur