Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des affaires occupent seulement et n’accablent point ; qui par l’étendue de ses vues et de sa pénétration se rend maître de tous les évènements ; qui, bien loin de consulter toutes les réflexions qui sont écrites sur le gouvernement et la politique est peut-être de ces âmes sublimes nées pour régir les autres et sur qui ces premières règles ont été faites ; qui est détourné par les grandes choses qu’il fait des belles ou des agréables qu’il pourrait lire, et qui, au contraire, ne perd rien à retracer et à feuilleter pour ainsi dire sa vie et ses actions ; un homme ainsi fait peut dire aisément et sans se commettre qu’il ne connaît aucun livre et qu’il ne lit jamais[1]. »

Comment s’étonner, après ces citations, que l’éloge de Louvois et plus encore celui de Colbert se trouve comme stéréotypé dans toutes les histoires et qu’on ne tarisse pas sur leur compte, même certains écrivains qui se proclament libéraux et se piquent d’indépendance vis-à-vis des puissances, qualifiant « d’esprit courtisanesque et rétrograde » la réserve et les témoignages de respect pour l’autorité dont ne se croient jamais affranchis les historiens qui savent ne rien sacrifier des principes tout en n’oubliant point, dans leur impartialité, ce qu’ils doivent à la vérité. Nous en trouvons un remarquable exemple dans un auteur que nous avons eu plus d’une fois l’occasion de citer et dont nous reproduisons d’autant plus volontiers les appréciations sur Colbert et Louvois qu’elles différent beaucoup des jugements du plus grand nombre,

  1. De l’Homme : Chap. XXI des Caractères.