Il continua de visiter assiduement les malades, et par une sorte de miracle, sans cesse au milieu de cette atmosphère empoisonnée, n’en reçut aucune atteinte. Mais quelques années après, en 1771, dans des circonstances semblables, il n’en fut point de même, et le bon curé, cette fois, obtint presque cette couronne du martyr qu’ambitionnait son dévouement ; il tomba malade à son tour de la petite vérole. Les prières sans doute de ses chers paroissiens, de ses enfants, firent violence au ciel, et longtemps entre la vie et la mort, l’abbé Cochin guérit, mais sa santé resta gravement altérée, au point qu’à deux reprises, il voulut se démettre de ses fonctions. La paroisse aussi se ressentit longtemps du passage du fléau, d’autant plus que le faubourg Saint-Jacques était surtout peuplé par des familles d’ouvriers travaillant dans les carrières voisines. Cependant il ne se trouvait point d’hôpital, pas même d’infirmerie dans tout le quartier ; il fallait porter les malades, les blessés mêmes à l’Hôtel-Dieu, et trop souvent le transport, avec les retards qu’il entraînait, devenait fatal aux infortunés.
Le bon curé s’en émut, et il résolut de doter sa paroisse d’un hospice. Il possédait un patrimoine d’un revenu d’environ 1,500 livres qu’il vendit, et avec cet argent il acheta un terrain sur lequel s’éleva, d’après les plans de l’architecte Viel, son ami, un établissement qui fut appelé, suivant le désir du fondateur, simplement : Hospice de la paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas. Commencé en 1779, l’édifice fut bâti avec rapidité et il était terminé en moins de quatre années, vers 1782, peu de temps avant la mort du zélé pasteur, tranquille sur l’ave-