Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au plus vite les degrés, traverse la cour, sort dans la rue et s’approchant de l’infortunée :

— Entrez, ma fille, entrez, dit-il, et ne craignez rien, je sais ce qui vous arrête. Mais ne sommes-nous pas tous frères dans le malheur surtout ?

Après de tels actes de bonté, on pense avec quels regrets, moins de deux années après, les fidèles de Montauban virent s’éloigner leur pasteur nommé à l’archevêché de Bordeaux en remplacement de Mgr d’Aviau du Bois-Sanzay, décédé. Les pleurs que faisait verser la mort de ce dernier ne furent point taris, mais ils coulèrent avec moins d’amertume dès qu’on sut le nom de son successeur, accueilli, quoique inconnu de la plupart, comme un père qui revient au milieu de ses enfants, et il fut bien en effet pour tous un père.

Après les évènements de 1830, éliminé de la chambre des pairs dont il faisait partie, il apprit que des personnages influents s’employaient activement auprès du gouvernement pour faire comprendre l’archevêque dans une nouvelle promotion. Il fit alors publier dans les journaux une note conçue en ces termes : « Je me réjouis de me trouver hors de la carrière politique. J’ai pris la ferme résolution de ne pas y rentrer et de n’accepter aucune place, aucune fonction. Je désire rester au milieu de mon troupeau, et continuer à y exercer un ministère de charité, de paix et d’union. Je prêcherai la soumission au nouveau gouvernement ; j’en donnerai l’exemple, et nous ne cesserons, mon clergé et moi, de prier avec nos ouailles pour la prospérité de notre chère patrie. »

Cette sage ligne de conduite n’empêchait point la