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comme un parfum de la patrie qu’il n’espérait plus revoir. Puis, pour l’apôtre qui déjà commençait à sentir le poids des ans, quel bonheur de pouvoir compter sur le zèle de ce vaillant, de ce savant, de ce vertueux collaborateur, au bout de quelques mois estimé, aimé, apprécié dans la ville à l’égal de lui-même et qu’il savait capable, au besoin, de le suppléer, malgré sa jeunesse, dans les circonstances les plus difficiles ! Aussi qu’on juge de son émotion quand un matin arriva un message de l’évêque de Baltimore, qui, instruit par la voix publique des mérites du prêtre français, lui offrait la cure importante de Sainte-Marie à Philadelphie. Mais, sans hésiter d’un instant, l’abbé de Cheverus, tout en remerciant Mgr Carrol dans les termes les plus respectueux comme les plus chaleureux, répondit qu’il ne pouvait, dans aucun cas, se séparer de l’abbé de Malignon qui l’avait appelé en Amérique et était pour lui non pas seulement un vénérable ami, mais un bien-aimé père.

Pourtant, à quelque temps de là, il le quittait, à la vérité pour une absence seulement de quelque mois employés à évangiliser les bons Indiens de Passamaquody et de Penobscot, une mission qui fut des plus pénibles au point de vue de la fatigue matérielle, mais dont il fut amplement dédommagé par ces consolations les plus douces au cœur de l’apôtre. « Jamais il n’avait fait encore pareille route » dit l’éloquent auteur[1] de cette Vie de cardinal de Cheverus qu’il n’est plus besoin de recommander :

  1. Huen-Dubourg (M. l’abbé Hamon, je crois).