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qu’ils n’avaient, au reste, jamais désiré rien autre chose que le bonheur de la France ; et qu’il leur aurait suffi que la France fût heureuse pour qu’ils le fussent eux-mêmes. »

Toutes les autres et si nombreuses questions faites à l’illustre accusée avaient le même caractère de puérilité odieuse ou d’absurdité ridicule ; et toujours elle sut répondre avec autant de dignité que d’à-propos. Mais qu’importait au tribunal ! que lui importait la plaidoierie des avocats dont Chauveau-Lagarde dit modestement : « Sans doute quelque talent que déploya M. Tronçon-Ducoudray dans sa plaidoierie et quelque zèle que je pouvais avoir mis dans la mienne, nos défenses furent nécessairement au-dessous d’une telle cause, pour laquelle toute l’éloquence d’un Bossuet ou d’un Fénelon n’aurait pu suffire ou serait restée du moins impuissante. »

« … Ce que je puis dire, d’ailleurs, c’est que ni la présence des bourreaux devant lesquels un mot, un geste, une réticence pouvaient être un crime, ni l’appareil épouvantable de la mort dont nous étions environnés, ne nous ont fait oublier nos obligations ; mais qu’au contraire nous combattîmes avec chaleur, avec énergie et de toutes nos forces, tous les chefs d’accusation, et que nous plaidâmes pendant plus de trois heures… Il ne faut pas que les étrangers puissent croire que, dans les temps horribles où la Reine et Mme Élisabeth ont été assassinées, elles aient péri sans défense ; ou, ce qui serait la même chose, pour ne pas dire plus affreux encore, que les Français qui furent chargés de les défendre n’aient pas senti toute l’importance de la mission qui leur était confiée. »