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    Le monde des beaux-arts à peine renaissant
    Se débattait encore dans son limon de sang ;
    Ce chaos attendait ta parole future ;
    Tu dis le fiat lux de la littérature.

Quelques années après, un illustre orateur, du haut de la chaire de Notre-Dame, adressait au même poète un hommage plus solennel encore quoique en moins de paroles : « … Et tant d’autres que je ne veux pas nommer, pour ne pas approcher trop près des grands noms de l’époque ; car, si j’en approchais, pourrais-je m’empêcher de saluer cet illustre vétéran, ce prince de la littérature française et chrétienne, sur qui la postérité semble avoir passé déjà tant on respire dans sa gloire le parfum et la paix de l’antiquité. »

Ce langage dans la bouche de Lacordaire étonnerait sans doute aujourd’hui que, provoquée surtout par les Mémoires d’Outre tombe, la réaction s’accentue si énergiquement et ne reste pas toujours dans la juste mesure. Du grand écrivain si l’on ne se tait pas, on parle presque avec le ton du dédain, et cela de jeunes Messieurs tout fiers d’écrire, au courant de la plume et sans râture dans le journal en vogue, la chronique quotidienne et qui croient bien dans le for intérieur que feu Chateaubriand ne leur va pas à la cheville. Le chantre des Martyrs ! bath, un phraseur et qui avait l’ingénuité de croire que les écrits, dignes de ce nom, ne s’improvisent pas, que :

La méditation du génie est la sœur ;

que les grandes pensées ne sauraient se passer de la nouveauté et de la splendeur de la forme. Quoique on