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les déjouer sans en tirer vengeance et sans faire le moindre éclat. »

Le chancelier d’Aguesseau, un contemporain du père La Chaise et très-prévenu contre les Jésuites, dit aussi de lui : « Le père La Chaise était un bon gentilhomme, qui aimait à vivre en paix et à y laisser vivre les autres ; capable d’amitié, de reconnaissance, et bienfaisant. »

Ce bon gentilhomme, comme dit assez singulièrement le célèbre magistrat, était brave à l’occasion, témoin ce passage d’une lettre de Boileau à Racine, datée de Mons, à l’époque du siége : « J’ai oublié de vous dire que, pendant que j’étais sur le mont Pagnotte, à regarder l’attaque, le R. P. de La Chaise était dans la tranchée et même tout près de l’attaque pour la voir plus distinctement. J’en parlais hier à son frère (capitaine des gardes) qui me dit tout naturellement : Il se fera tuer un de ces jours. Ne dites rien de cela à personne, car on croirait la chose inventée, et elle est très-vraie et très-sérieuse. »

Le P. La Chaise mourut à Paris, le 20 janvier 1709, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Il était membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et se montrait fort assidu aux séances.

Les Jésuites avaient acheté, en 1626, non loin de Paris, une maison de campagne appelée la Folie-Regnault, qu’ils nommèrent plus tard le Mont-Louis, en l’honneur du roi. Cette résidence que Louis XIV fit embellir et agrandir, par considération pour son confesseur, devint une villa fort agréable, comme on dirait aujourd’hui, où volontiers le père La Chaise aimait à