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dans la citadelle. D’Amboise, à la tête d’une armée que commande la Trémouille, redescend en Italie, et les bourgeois de Milan, autant effrayés et humbles qu’ils s’étaient montrés plus présomptueux d’abord, se hâtent d’envoyer à sa rencontre une députation pour faire leur soumission et implorer merci. Le cardinal, qui voulait donner une leçon aux rebelles, passe sans répondre aux envoyés autrement que par un regard sévère, puis il fait son entrée dans la ville au milieu des troupes en armes, formidable cortége ! et va se loger à la citadelle. Sur tout son passage, on criait : Grâce ! grâce ! miséricorde ! Mais son visage impassible ne laissait rien deviner de ses sentiments. Seulement, il fit dire aux notables bourgeois que le vendredi suivant, trois jours après, ils eussent à se réunir dans la cour de l’Hôtel de ville pour y entendre leur sentence.

Est-il besoin de dire l’anxiété de tous pendant ces trois jours d’attente où il n’était permis à personne de sortir de la ville, et avec quelles terreurs les pauvres bourgeois se rendirent le vendredi au lieu indiqué ? Ils n’eurent pas lieu d’être rassurés en voyant au dehors les troupes fermant toutes les avenues et la cour de l’Hôtel de ville elle-même garnie de soldats à l’air menaçant, tandis que, sur une sorte de haut tribunal, apparaissait le cardinal, assis et entouré de tous les officiers de la justice civile et militaire. Terrifiés, à cette vue, ils tombent à genoux tendant les mains à la façon des suppliants.

Le cardinal, naturellement doux et humain et qui avait peine à contenir son émotion, leur ordonna de se relever et d’une voix qu’il s’efforçait de rendre sévère,