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Très bien ! Voilà des paroles que les jeunes gens ne sauraient trop méditer. Continuons :

« Il était remarquable, sans doute, de voir un jeune militaire dans l’âge des plaisirs, placé sur une scène bruyante et entouré de tant de séductions, se livrer à des occupations aussi sérieuses. Cependant, elles ne donnèrent rien de sauvage ou de brusque à son humeur ; elles ne l’enlevèrent point au commerce de ses camarades et de ses amis. Il sut, au contraire, y répandre tous les charmes qui naissent de l’égalité du caractère, de l’affabilité et de cet abandon naturel qui obtient la confiance en la prévenant… Caffarelli s’acquit donc l’affection et l’estime de tous ses camarades et de ceux-là mêmes dont les habitudes présentaient plus d’oppositions avec les siennes. Dans ce nombre, il en trouva aussi qui surent les goûter, les partagèrent et s’unirent à lui par les plus étroits rapports ! »

Mais le jeune officier fut arraché brusquement à ses chères occupations par une terrible nouvelle, celle de la maladie de sa mère, la plus tendre des mères qui, d’après ce qu’on lui écrivait, était à toute extrémité. Le cœur navré, il accourut pour recueillir son dernier soupir et lui fermer les yeux, comme il avait fait pour son père quelques années auparavant. Il avait consolé sa mère mourante non-seulement par sa présence et ses soins affectueux, mais encore, mais surtout par la promesse qu’il serait lui, l’aîné, le tuteur, le père de ses frères et sœurs, au nombre de huit et dont plusieurs étaient fort jeunes encore. Il tint parole ; il fit plus même. En sa qualité d’aîné, les lois lui assuraient plus de la moitié de l’héritage ; il ne voulut point profiter de