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jugées avec autant de diligence que d’équité[1]. »

C’était là une excellente institution et qui témoigne, à la gloire de Georges d’Amboise, de son esprit d’équité comme de sa haute prévoyance. Par malheur, quoique répondant à de si légitimes besoins, ayant, si l’on peut s’exprimer ainsi, sa racine dans les entrailles même de la justice, elle ne paraît avoir eu qu’une courte durée, laissant toute grande ouverte la porte aux abus, à l’arbitraire, aux injustices, qui contribuèrent pour une large part à amener et précipiter dans la suite les catastrophes où s’engloutit la monarchie. Ces sages mesures, dont le cardinal avait pris l’initiative, furent complétées par d’autres ordonnances non moins utiles et qui longtemps servirent comme de code national. Pourtant, quoique justes et sages, elles soulevèrent de vives oppositions, particulièrement parmi les écoliers et les régents de l’Université qui se prétendaient lésés dans leurs priviléges. Non contents de déclamer contre le ministre et contre le roi lui-même, par eux attaqués, insultés dans des libelles répandus à profusion, ils se préparaient audacieusement à passer de la parole à l’action, et une sédition eût éclaté sans la prudente fermeté du ministre. L’approche de quelques troupes que conduisait le roi en personne fit réfléchir les mutins. La clémence acheva ce que la peur avait commencé. Le roi, entré dans Paris, se hâta de calmer les craintes, et le cardinal d’Amboise, déclara en son nom que Sa Majesté voulait bien oublier les insolentes étourderies des écoliers, les emportements sans doute irréfléchis des

  1. Histoire du cardinal d’Amboise.