sions justes, ses raisonnements suivis et convaincants, ses mouvements pathétiques, ses réflexions judicieuses et d’un sens exquis, tout va à son but… Persuadé que le prédicateur ne touche qu’autant qu’il intéresse et qu’il applique, et que rien n’intéresse davantage et n’attire plus l’attention qu’une peinture sensible des mœurs où chacun se voit lui-même et se connaît, il tournait là tout son discours. » Il suffit de citer ces admirables sermons sur le Mariage, le Choix, d’un état, les Divertissements du monde, l’Hypocrisie, la Prière, les Devoirs envers les domestiques etc., dans lesquels abondent, avec les solides raisonnements, les observations et les conseils pratiques, les réflexions d’une étonnante sagacité et tous ces portraits admirables de relief et de vie d’une vérité si prodigieuse quoique on ne pût reconnaître les modèles et qui faisaient dire à madame de Termes : « Il est inimitable et les prédicateurs qui l’ont voulu copier sur cela n’ont fait que des marmousets. »
Quoique admirable par la solidité des raisonnements et la victorieuse logique, Bourdaloue savait aussi parler au cœur, témoin ce qu’écrivait madame de Maintenon, à l’occasion d’un sermon prêché devant Louis XIV et sa cour. « Il a parlé au Roi sur sa santé, sur l’amour de son peuple, sur les craintes de la cour ; il a fait verser bien des larmes ; il en a versé lui-même : c’était son cœur qui parlait à tous les cœurs. »
Quand aujourd’hui la lecture seule de tant de pages éloquentes nous frappe d’une façon si vive et nous émeut si profondément, qu’on imagine ce que ce devait être quand ces mêmes choses étaient dites au milieu du silence solennel d’un immense et religieux auditoire, et