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curer l’ouvrage que j’ai acheté bel et bien sur mes économies. Ce sont là de ces livres qu’il faut avoir à soi, assuré qu’on est de pouvoir les lire et relire dix fois plutôt qu’une. Que n’ai-je la boîte de cèdre dans laquelle Alexandre renfermait l’Iliade, j’y mettrais, moi, l’œuvre de Bossuet et la placerais aussi sous mon chevet !

— Et là, là, doucement, mon ami ! Je ne dis pas que vous exagériez maintenant dans la louange ; mais je crains l’excès de cet enthousiasme si soudain parce que la réaction peut être à redouter.

— Non, non, certes non ! Ne vous troublez pas de ce souci. Mon enthousiasme ne sera point un feu de paille parce qu’il ne vient pas de la surprise. Je ne crois pas qu’il y ait présomption de ma part à affirmer, à jurer que je penserai toujours de même et que vous ne me verrez pas, fût-ce après dix ans, après vingt ans, me refroidir.

Je ne m’étais point trop avancé et il n’y avait point témérité dans ces affirmations. Je ne me suis jamais lassé de la lecture ou plutôt de l’étude de ces admirables sermons dans lesquels je découvrais sans cesse des beautés nouvelles. Quel moraliste et quel poète à la fois que ce puissant orateur et dans lequel on ne sait ce qu’il faut admirer le plus ou l’enchaînement logique du discours ou l’énergie et la vérité des tableaux, ou la profondeur des pensées et la force des expressions ! On n’aurait que l’embarras du choix pour les citations. Quelle étonnante et fidèle peinture par exemple que celle qu’il nous fait de la vie et des illusions ou occupations qui jusqu’à la fin nous amusent !