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n’a pas craint de dire à propos d’une citation du sermon sur l’Amour des Plaisirs, par Bossuet : « Cet homme dit ce qu’il veut ; rien n’est au-dessous ni au-dessus de lui. »

— C’est de Maistre qui a dit cela ?

— Lui-même dans le deuxième entretien des Soirées de Saint-Pétersbourg. Mais dans ses lettres il s’exprime en termes bien plus énergiques encore ! « Cet homme, dit-il, est mon grand oracle. Je plie volontiers sous cette trinité de talents qui fait entendre à la fois dans chaque phrase un logicien, un orateur et un prophète. » Se peut-il un langage plus décisif ?

— Voilà qui donne à réfléchir, car de Maistre, depuis que j’ai lu, je ne sais où, ses fameuses pages sur le bourreau comme celles sur la guerre, est pour moi un écrivain de premier ordre et dont le jugement mérite grande considération. Aussi vous me donneriez la tentation… D’aventure, auriez-vous dans votre bibliothèque l’ouvrage en question et vous serait-il possible de me le prêter ?

— Parfaitement, j’ai là, sur ce rayon, à droite, quatre volumes compactes des Sermons choisis de Bossuet. Vous pouvez les emporter et les lire tout à loisir. J’ai bon espoir, ou plutôt j’ai la certitude qu’avant la fin du premier volume vous ne penserez pas autrement que moi sur le grand orateur et que vous ferez hautement votre peccavi, trop heureux de le faire.

— Nous verrons bien ! Grand merci toujours pour le prêt des volumes que je garderai le moins longtemps qu’il me sera possible.

— Gardez-les tout le temps nécessaire à votre édification… littéraire. On ne lit pas cela comme un roman