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BOSSUET



I


Dois-je l’avouer ? Oui, je dois le dire, le confesser hautement pour l’instruction et l’exemple de la jeunesse, je n’étais plus un adolescent, depuis longtemps déjà sorti des bancs du collége, pourtant je nourrissais contre l’illustre évêque de Meaux les plus étranges préventions, d’autant moins excusables que j’en jugeais par ouï dire ; dans ma folle témérité, j’osais nier son génie sans avoir rien lu que quelques bribes de ses ouvrages, et encore avec des idées préconçues, avec le parti pris de n’y pas trouver ce qu’y voyaient, ce qu’y admiraient tous les autres. On croit ainsi, à un certain âge, faire preuve d’indépendance en ayant l’air de ne pas penser comme tout le monde.

Quand je lisais, dans les manuels de rhétorique et ailleurs, les éloges prodigués à l’aigle de Meaux, volontiers je haussais les épaules, car à cet aigle je trouvais, moi, une médiocre envergure et tout au plus j’accordais qu’il fût un passereau.

J’avais appris en vain par cœur les Oraisons funèbres, mauvais moyen à la vérité de faire goûter les chefs-d’œuvre par l’écolier auquel le travail souvent pénible