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sence du fléau et indiquer les mesures qui pourraient rendre la contagion moins terrible. Monge, tombé malade, dut la vie à ses soins fraternels.

Lorsqu’on fut de retour en France, Bonaparte n’oublia pas les services rendus par notre savant, qui, membre du Sénat conservateur après le 18 brumaire, fut ensuite nommé comte, grand officier de la Légion d’honneur, grand’croix de l’ordre de la Réunion, etc. « Heureusement pour la science, dit Parisot, il ne se laissa ni éblouir, ni absorber par des fonctions aussi élevées, aussi importantes. Toujours il conserva sa simplicité et son goût pour la retraite et l’étude. »

Les revenus de ses emplois, et en particulier de la sénatorie de Montpellier, étaient dépensés au profit de la science et servaient à l’entretien d’un magnifique laboratoire, toujours ouvert aux étrangers comme aux amis et surtout à de nombreux élèves que l’illustre maître voyait avec plaisir s’exercer sous ses yeux aux préparations les plus délicates. Mais la générosité de Berthollet l’ayant entraîné, il dut enfin s’apercevoir que son budget des recettes et dépenses se soldait par un déficit ; résolu tout aussitôt à rétablir l’équilibre, mais sans détriment pour la science, il établit dans sa maison l’économie la plus sévère, et vendit chevaux et voitures.

On avertit l’Empereur, qui, tout aussitôt, mande Berthollet aux Tuileries. Après quelques reproches bienveillants relativement au silence gardé par le savant sur sa situation critique, Napoléon lui dit :

« Souvenez-vous que j’ai toujours 100,000 écus au service de mes amis. »