meté du savant qui, dans une autre circonstance, fit preuve encore du sang-froid le plus étonnant. C’était pendant l’expédition d’Égypte : un jour, que pour certaines recherches, il remontait le Nil dans une barque, tout à coup, sur le rivage, parurent des Mameluks, et sur la barque plut une grêle de balles. Pendant que les rameurs faisaient force de rames dans l’espoir d’échapper, on vit le savant en question occupé à remplir ses poches des pierres, servant à lester l’embarcation.
— Et que faites-vous là ? lui dit un autre voyageur.
— Vous le voyez, répondit-il, je prends mes précautions pour couler plus vite, afin de n’être pas mutilé par ces barbares.
La barque cependant put échapper au péril, et ceux qui la montaient arrivèrent sains et saufs au port. Or, le savant qui, sans y songer, donnait à nos braves soldats des leçons de courage, c’était Berthollet, l’homme illustre dont Cuvier put dire à juste titre :
« Témoin des événements les plus surprenants, porté par eux dans des climats lointains, élevé à de grandes places et à des dignités éminentes, tout ce monde extérieur est peu de chose pour lui en comparaison de la vérité. Particulier, académicien, sénateur, pair de France, il n’existe que pour méditer et pour découvrir. La science fait naître à chaque instant dans ses mains de ces procédés avantageux, de ces industries fructueuses qui enrichissent les peuples ; mais ce n’est point pour ces applications faciles qu’il la poursuit, c’est pour elle seule. Dans l’invention la plus utile, il ne voit qu’un théorème de plus, et dans ce théorème qu’un échelon