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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Ma seur, il est parti ! ma sœur, il m’abandonne ! Je sais qu’il m’abandonne, et j’attends, et je meurs, Je meurs. Embrasse-moi, pleure pour moi… pardonne… Je n’ai pas une larme et j’ai besoin de pleurs. Tu gémis ! Que je t’aime ! O jamais le sourire Ne te rendit plus belle aux plus beaux de nos jours : Tourne vers moi les yeux, si tu plains mon délire ; Si tes yeux ont des pleurs, regarde-moi toujours ; Mais reticns tes sanglots. Il m’appelle, il me touche, Son soumle en me cherchant vient d’effleurer ma [bouche.

Laisse, tandis qu’il brûle et passe autour de nous, Laisse-moi reposer mon front sur tes genoux… … Sais-lu ce qu’il ma dit : Des reproches… des larmes… Il sail pleurer, ma sœur ! O Dieu ! que sur son front la tristesse a de charmes ! Que j’aimais de ses yeux la brûlantc douceur ! Sa plainte m’accusait ; le crime… jc l’ignore : J’ai fait pour l’expliquer des efforts superflus. Ces mots seuls m’ont frappée, il me les crie encore : « Je ne te verrai plus »… (1) … Pale, presque à genoux, suppliante, craintive, J’ai dit… Je n’ai rien dit, mais on entend les pleurs… … Dis qu’il va revenir, qu’il revient… Trompe-moi, Mais obtiens qu’il me trompe à son tour comme toi. Va le lui demander, va l’implorer… Demeure : L’orgueil est entre nous, il glace, il est mortel. N’est-ce pas qu’il me fuit et qu’il faut que je meure ? N’est-ce pas que je souffre, et que l’homme est cruel ? Ne l’accuse jamais, songe que je l’adore Puisque je vis encore… (2) (1) 1, 83.

(2) I, 116.