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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

n’immobilisent pas le navire. Quand le temps le permet, les voyageurs montent sur le pont ; mais ils sont bientôt las d’admirer la légèreté des gabiers courant sur les vergues, et d’écouter les récits du « vicux timonnicr », qui peut très bien (hélas !) avoir servi aux Indes sous le bailli de Suffren et en Amérique sous le conte d’Estaing, et dont la peau, « imprégnéc de sel, est rouge et rigide comme la surface de l’écueil battu de la lame » ; ils ont vu trop souvent, « aux repas de midi et du soir, les matelots, assis en rond autour des gamelles, plonger l’un après l’autre, régulièrement et sans fraude, leur cuiller d’étain dans la soupe flottante au roulis » ; ils connaissent « le coq favori de l’équipage qui a chanté pendant un combat comme dans la cour d’une ferme au milieu de ses poules, et le chat qui s’est sauvé d’un naufrage sur un tonneau » ; ils ne savent plus, quand la mer est belle et quand le soleil donne, que s’asseoir à l’arrière pour causer et dormir sous l’abri d’unc voile tendue. Tout est événement dans cette vie monotone : « On vient de jeter le loch ; le navire file dix neuds. Le ciel est clair à midi, on a pris hauteur ; on est à telle latitude. On a