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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

D’un cœur né pour aimer le funeste présent Ralentissail mes pas sous son fardeau pesant ; La tristesse étendait son voile sur ma route, Et du ciel à mes yeux il dérobait la voûte ; Le rire était sans fleurs, ou les fleurs sans parfum : Tout était pour ma vue un objet importun. Cependant, au milieu de cetle solilude, J’éprouvais du désir l’ardente inquiétude, D’un bonheur éloigné le doux pressentiment, Ce vague avant-coureur du plus cher sentiment. Telle, éveillée aux feux d’une naissante flamme, Marbre encor, Galathée a deviné son âme, Tu m’apparus, la vie en moi se révéla ; Je m’arrêtai, j’aimai, la douleur s’envola. De tes traits adorés la tendre mélodie Dissipa de mon cœur l’amère maladie, sur lon frais chemin par mes vœux emporté Avec toi je commence un voyage enchanté. Hier, l’astre des nuits sur le fleuve rapide, De ses feux argentés enflammait l’eau limpide. Ses flots en s’écoulants’éteignaient dans leurs cours. Sans cesse aux mêmes lieux l’astre brillait toujours. Amour, telle est ma vie en son brûlant voyage : Mes jours, en s’écoulant, me laissent ton image !