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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

jusqu’aux larmes, il t’en aime comme la seule femme au monde qui soit capable envers moi de cette naïve et profonde amitié, mais pour me laisser aller un mois sans lui quelque part que ce soil, il m’a fait jurer de ne jamais lui en parler(1). Tes bons yeux d’ange pénètrent facilement jusqu’à mon cœur pour y voir un renoncement absolu à toutes choses, plutôt que de troubler le peu de bonheur qu’il est en mon pouvoir d’offrir à Valmore. Je le suivrai où il voudra comme lu ferais à ma place ; et, comme je pense au fond de l’âme que c’est le devoir que Dieu m’impose comme femme, je crois que Dieu ne se plaira pas à m’en punir. Du reste, Caroline, que sa volonté soit faite sur moi ! Il y a déjà trois ans que mon âme si ardente, si remplie d’illusions (puisque les espérances du bonheur, ne sont pas, dit-on, autre chose) se ploie à ne plus rien vouloir pour elle-même ; non parce que je vaux micux que toi ! — qui peut valoir mieux que toi ? —— mais parce que j’éprouve une lassitude de désirer l’impossible, el que je remets à une autre vie tout ce que celle-ci me refuse. Voilà pour la situation de mon cœur, sauf quelques orages muets que j’apaise (1) Cf. cct extrait d’une autre lettre à Caroline Branchu (3 novembre 1837) : « Tiens, mon bon Ange, écoule unc des vérités les plus vraies de notre monde : la femme propose et l’homme dispose. Non mari t’aime assurément plus qu’il n’aime aucune autre femme, il n’est pas non plus tyran au point de me rien ordonner, mais il dit : « Tu dois être la première à comprendre… etc., et je comprends qu’il ne veut pas. Ne m’attends done quc quand j’aurai pu trouver huil jours…