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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

l’effroi de tomber !… Pour lui, plutôt périr immobile que d’exciter le rire en s’aventurant, ce rire qu’il n’épargnait pas toujours, dont il se repentait souvent ! Ne le croyez-vous pas aussi ? N’avezvous pas bien judicieusement observé qu’il est loin d’avoir fait le mal qu’il pouvail faire ? C’est d’une justice et d’une charité profondes ce que vous dites là. (1)

« Quel immense empire n’a-t-il pas dû obtenir sur ses colères ? Quelle grandeur silencieuse de ne s’être pas vengé, lui dont l’orgueil brûlant s’est cru tant de fois si mortellement oflensé, car le craindre, c’est l’insulter ! Il faut trouver dans ce courage qu’il a eu, muet et solitaire, de quoi racheler toutes les larmes qu’il a fait couler. Vous le penser, n’est-ce pas ? Oh ! pensez-le, dites-lo, comme vous savez tout dire, pour être équitable, car il y a des choses qui sont entendues entre ciel et terrc, ct qui peuvent consoler partout !

« Décidez si cette âme ombrageuse n’a pas limité elle-même son cssor, si les souffrances du corps n’ont pas obscurci cette gloire, qui s’annonçait si hante !

« Voilà tout ce qu’entre vous et moi je puis formuler de ma pensée… En quoi peut-elle aider la vôtre ? Du moins, dans ce monde et partout, (1) « … Rendez-m’en l’impression vive, poétique, indulgente, comme il sied envers ceux qui ont fait moins de mal qu’ils n’en pouvaient faire ! » (Sainte-Beure à Marceline.)