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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

J’ai tout perdu ! mon cnfant par la mort, Et, dans quel temps ! mon ami par l’absence, Je n’ose dire, hélas ! par l’inconstance, Ce doute est le seul bien que m’ait laissé le sort. (1) Elle eut pourtant le courage de continuer son métier. Encore une fois, il fallait vivre, surtout il fallait faire vivre son père. Donc, elle reparut sur la scène, et l’on sent, dans les lettres qu’elle écrit à son frère à cette époque, combien cet effort lui coûta : —

« 5 septembre 1816… Il faudrait te tromper, mon cher ami, pour te dire que ce pauvre cœur brisé se rallache à ce monde si triste à présent pour moi. Non, rien, rien ne pourra remplir ce vuide qui n’a pas d’expression dans l’abattement qu’il me cause ; seulement il me semble que ma raison n’est plus en danger d’être tout à fait troublée comme on l’a craint, et moi-même. Je trouve la vic si longue à présent, elle a été pour moi si cruelle I… Non, je ne puis rendre par des mots tout ce qui me fait mal, ou plutôt l’unique douleur qui pèse nuit et jour sur ma poitrine et mon cœur déchiré.

« Papa se porte mieux… Il est si vrai que c’est pour lui seul que j’ai pu me résoudre à continuer le théâtre ! C’est le plus grand sacrifice de raison que j’aye jamais fait… >> (1) I, 73.