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LE ROI GALAAD

table d’argent, sur laquelle se trouvait le Saint Graal, pour la transporter au palais spirituel avec l’aide de Perceval et de Bohor. Mais, comme ils allaient entrer dans la ville, ils virent un homme impotent qui mendiait à la porte, et Galaad qui était las, car la table était lourde, l’appela et lui demanda de l’aider.

— Ha, sire, que dites-vous ? répondit le mendiant. Il y a bien dix ans que je ne me traîne plus qu’à l’aide de ces deux bâtons.

— Essaye, fais de ton mieux.

Aussitôt l’homme se leva, sain comme s’il n’avait jamais été malade, et, courant à la table, il aida Galaad à la soutenir. Ainsi arrivèrent-ils devant le roi.

C’était un mécréant, extrait de lignage sarrasinois. Quand il vit que les trois compagnons étaient désarmés, il s’écria qu’ils étaient larrons et enchanteurs, et les fit prendre et enfermer dans une chartre obscure. Mais Notre Sire ne les oublia pas : il leur envoya le Saint Graal pour les réconforter, les repaître et leur tenir compagnie. Et, le dernier jour de l’année, le roi tomba malade et mourut. Comme il n’avait ni enfants ni parents, les habitants s’assemblèrent en parlement pour désigner son successeur. Or, tandis qu’ils étaient réunis, ils entendirent une Voix :

— Prenez, disait-Elle, le plus jeune des trois chevaliers que le roi a fait emprisonner à tort :