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LE SAINT GRAAL


XXIX


Environ minuit, les trois compagnons sortirent du palais, et le lendemain ils veillèrent que le roi mehaigné fût enseveli comme il convenait à un roi. Puis ils prirent leurs armes, enfourchèrent leurs destriers et cheminèrent tant que, le quatrième jour, ils parvinrent au rivage de la mer. La nef de Salomon les y attendait, où ils virent le Saint Graal à nouveau couvert d’une soie vermeille, sur sa table d’argent. Dès qu’ils y furent montés, le vent les emporta. Et c’est de la sorte, sachez-le, que ceux du royaume de Logres perdirent pour leurs péchés le très précieux vase : tout de même que Notre Sire le leur avait envoyé, il le leur retira.

Longtemps la nef vogua et nulle terre n’était en vue. Un jour, Perceval et Bohor dirent à Galaad :

— Sire, vous ne vous êtes jamais couché dans le lit aux trois fuseaux, quoique le bref dise que vous devez y reposer.

Galaad s’y coucha et s’endormit, la couronne d’or sur la tête. Et, quand il se réveilla, la nef était devant la cité de Sarras. Alors il prit la