Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
LA MESSE DE JOSEPHÉ

gnons virent les solives du plafond s’écarter de façon que le ciel parut, puis un homme vêtu comme un évêque, crosse en main et mitre en tête, descendit à travers les airs, assis sur une chaire que soutenaient quatre anges ; et sur son front brillaient des lettres qui disaient :

Voyez-ci Josephé, le fils de Joseph d’Arimathie, le premier évêque des chrétiens, que Notre Sire sacra lui-même en la cité de Sarras, au palais spirituel.

L’évêque se leva et fut se prosterner devant le Saint Graal qui venait d’apparaître sur sa table d’argent. Alors les quatre anges qui étaient venus avec lui apportèrent deux cierges ardents, un morceau de soie vermeille et une lance d’où suintaient, par la pointe, de grosses gouttes de sang. L’évêque plaça cette lance dans le Graal et de manière que le sang y tombât ; puis il commença de célébrer la sainte messe. Quand le moment fut venu, il prit dedans le très précieux vase une oublie en forme d’hostie et, comme il l’élevait, on vit un Enfant descendre des cieux, le visage aussi rouge et embrasé que feu, qui se jeta dans le pain ; après quoi Josephé remit l’oublie dans le Saint Graal. Enfin il acheva le service de la messe, donna le baiser de paix à Galaad qui le transmit à ses compagnons, et s’évanouit si parfaitement que nul n’eût su dire ce qu’il était devenu.