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LE SAINT GRAAL

vant son petit-fils, et comme lui pleurèrent tous ceux de ses chevaliers qui avaient jadis connu Galaad enfant.

Aussitôt que les trois compagnons furent désarmés, Héliezer, le fils du roi Pêcheur, leur apporta l’épée brisée dont Joseph d’Arimathie avait été frappé à la cuisse, comme le conte de Galehaut l’a dit. Et dès que Galaad eut pris en main les deux tronçons, ils se rejoignirent si exactement que nul homme au monde n’eût su voir où la lame avait été rompue : en sorte que chacun jugea que c’était là un bon commencement.

Mais, à l’heure de vêpres, soudain le ciel se couvrit, un grand vent souffla dans le palais, et une chaleur s’y répandit, telle que plusieurs pensèrent brûler et tombèrent de la peur qu’ils eurent, en même temps qu’une Voix criait :

— Que ceux qui ne doivent avoir place à la table de Jésus-Christ s’en aillent !

Tout le monde sortit à ces mots, et il ne demeura que Galaad, Perceval et Bohor. Au bout d’un instant, ils virent entrer quatre demoiselles pleurant à chaudes larmes, qui portaient un lit de bois très richement muni de draps de soie, où tout était blanc comme neige ; et là dedans gisait un corps soit d’homme ou de femme, on ne pouvait le savoir, car il avait le visage couvert d’un linge. Les pleureuses déposèrent le lit et s’en allèrent. Et bientôt les quatre compa-