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GAUVAIN LE MEURTRIER

voir une dernière fois le Château aventureux du Graal, il ne vit plus qu’une plaine nue.

Quelques jours plus tard, passant près d’une abbaye, il remarqua dans le cimetière une grande et belle tombe qui lui parut nouvellement faite. Il s’en approcha et lut des lettres écrites qui disaient :

Ci-gît Yvain le grand, fils du roi Urien de Gorre, que tua Gauvain, neveu du roi Artus.

Certes, tout autre que monseigneur Gauvain, Lancelot l’eût poursuivi et occis, car il aimait chèrement le fils du roi Urien. Mais il se contenta de prier, puis il reprit son chemin et peu après il parvint à la cour.

XXVII

La plupart des compagnons de la Table ronde étaient de retour, et aucun d’eux n’avait eu d’aventures, car ils étaient tous trop souillés de péchés pour être dignes de la haute quête célestielle du Saint Graal ; mais on disait que beaucoup s’étaient entre-tués sans se reconnaître, et que messire Gauvain en avait occis plus de vingt à lui tout seul.

— Beau neveu, lui dit un jour le roi Artus,