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LE CHÂTEAU DU GRAAL

bien que la porte de la forteresse était ouverte ; mais il aperçut qu’elle était gardée par deux lions et il dégaina son épée pour les combattre. Aussitôt une main flamboyante apparut, qui le frappa rudement au bras, et de nouveau la Voix dit :

— Homme de peu de foi, pourquoi te fies-tu si peu à ton Créateur ? Crois-tu t’aider mieux de tes armes que de Lui ?

Du coup qu’il avait reçu, Lancelot demeura quelque temps étourdi, tellement qu’il ne savait plus s’il était jour ou nuit. Mais, en revenant à lui, il remercia Notre Seigneur d’avoir daigné le réprimander ; puis il remit son épée au fourreau, se signa et fut droit aux lions qui s’assirent et ne firent pas seulement mine de le toucher.

La porte franchie de la sorte, il reconnut le Château aventureux. Il suivit la grande rue sans voir personne, entra dans le palais qui semblait vide, traversa la salle silencieuse le clair de lune coulait sans bruit par les verrières et fut arrêté par une porte close, derrière laquelle une voix chantait la gloire de Dieu avec tant de douceur qu’on sentait bien qu’elle n’était pas d’un homme mortel. Là, il s’agenouilla, suppliant Jésus-Christ de lui montrer l’objet de sa quête, comme la Voix le lui avait promis. Alors, d’elle-même, la porte s’ouvrit.

Il en sortit une grande clarté, si grande qu’on eût cru que le soleil tout entier était dans cette chambre et dardait ses rayons. Et quand il fut