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LE SAINT GRAAL

apporter leurs armes et amener au dehors les chevaux qu’on leur donna. Mais le conte laisse ici de parler d’eux pour un moment, voulant reprendre le propos de Lancelot.


XXIV


Désarmé, étendu en croix au bord du fleuve qu’il ne pouvait franchir, il pria Notre Seigneur jusqu’à ce que la nuit se fût mêlée au jour, puis jusqu’à ce que le soleil abattît la rosée. À ce moment une nacelle qui voguait sans voiles ni avirons vint aborder devant lui : alors, il reprit ses armes et il y monta en faisant le signe de la croix.

À peine y eut-il mis le pied, il sentit toutes les meilleures odeurs du monde, sa faim fut rassasiée, son cœur baigné de la plus douce joie : dont il rendit grâces à Dieu d’abord. Ensuite il se retourna et découvrit, sur un lit très riche, une pucelle morte dont venaient les parfums. Auprès du corps était un bref qui disait comment elle avait changé les renges de l’épée que portait présentement Galaad, et tout ce qui lui était arrivé, ainsi qu’à ses trois compagnons, et comment elle était morte pour guérir une étrangère : car c’était la Pucelle-qui-jamais-ne-mentit. Et, quand il connut tout