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LA DAME LÉPREUSE

qu’elle soit, une pucelle est libre et franche de toute coutume.

Mais la dame à l’écuelle reprit :

— Chaque pucelle qui passe ici doit emplir cette écuelle du sang de son bras droit.

— Dieu m’aide ! j’aimerais mieux être mort de vilenie que de laisser faire cela !

Et, sans plus de paroles, Perceval rendit la main, piqua des deux et laissa courre sur les gens du château, suivi de ses deux compagnons. Telle fut leur attaque, que sans doute les dix chevaliers eussent été occis, si quarante autres fer-vêtus n’étaient accourus à la rescousse. Mais Galaad frappait si fort de l’épée aux étranges renges qu’il navrait tous ceux qu’il touchait ; quant à Perceval et Bohor, ils ne faisaient pas moins d’armes : si bien qu’à la nuit noire ils combattaient encore. Et voyant cela, l’un des chevaliers proposa de remettre la bataille au lendemain et offrit aux trois compagnons de s’héberger au château.

— Seigneurs, dit aux trois compagnons la Pucelle-qui-jamais-ne-mentit, allez-y puisqu’il vous en prie !

Et elle entra avec eux dans la forteresse, où tous quatre furent très bien accueillis. Après le souper l’un des chevaliers leur dit :

— Sachez, seigneurs, qu’il y a un an, la dame de ce château devint lépreuse par la volonté de Notre Seigneur. Nous mandâmes vainement