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LE SAINT GRAAL

Dieu ne permette jamais qu’ils s’en approchent ! Or, écoutez : car pour ce que je vois que le temps est beau et clair, l’air pur, que la grande froidure de l’hiver est partie, et que nous sommes au commencement de la douce saison qu’on nomme printemps, je veux commencer mon livre, au nom de Dieu et de la Sainte Trinité, de la manière que voici :


II


Le jour de la Pentecôte, le roi Artus et la reine Guenièvre vêtirent leurs robes royales et posèrent leurs couronnes d’or sur leurs têtes ; et certes le roi était très beau ainsi et il avait bien l’air d’un prud’homme. Comme il sortait de la messe, passée l’heure de tierce, il trouva Lancelot qui revenait, en compagnie de Bohor, de l’abbaye de la forêt où il avait adoubé son fils Galaad, ainsi que le conte l’a rapporté. À tous trois, le roi fit joie, puis il commanda de mettre les tables, car à son avis il était grand temps de manger.

— Sire, dit Keu le sénéchal, nous avons toujours vu qu’aux grandes fêtes vous ne vous asseyiez point à votre haut manger avant qu’une aventure fût advenue en votre maison : à faire