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L’ÉPÉE MERVEILLEUSE

— Seigneurs, dit-elle aux trois chevaliers, je vous annonce premièrement, comme à ceux que j’aime le plus au monde, que, si vous n’aviez pas une foi parfaite en Jésus-Christ, vous péririez sur cette nef. Et maintenant regardez de part et d’autre.

Ils visitèrent le navire et, en examinant toutes choses, ils découvrirent sous des courtines de soie le plus beau et riche lit qui ait jamais été. Au pied, quelqu’un avait posé une couronne d’or. Sur le chevet gisait une épée à demi tirée de son fourreau, qui était de très riche façon. Le pommeau était d’une seule pierre qui avait toutes les couleurs de la terre, et chacune de ces couleurs avait sa vertu. La poignée était faite de deux côtes : l’une du serpent nommé papaguste qui vit en Célidoine et qui a ce don que l’on ne sent jamais une trop grande chaleur lorsqu’on en serre un des os dans sa main, quelle que soit l’ardeur du soleil ou du feu ; la seconde côte était d’un petit poisson nommé ottonax qui habite dans le fleuve Euphrate et dont la vertu est telle : qui tient un de ses os oublie toute joie ou douleur passée, et se souvient seulement de la raison qu’il a eue de le prendre. Ainsi était la poignée de l’épée, et l’on y lisait :

Je suis merveilleuse à voir, plus merveilleuse à connaître, car nul ne me peut empoigner,