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GAUVAIN ABATTU

seigneur Gauvain et Hector, et il ne les reconnut point, car ils avaient changé leurs armes, mais eux, sitôt qu’ils eurent aperçu l’écu blanc à la croix vermeille, ils se dirent l’un à l’autre :

— Voilà l’écu dont le roi Ydier nous a parlé : c’est Galaad ! Celui qui l’attendrait serait fou, car rien ne peut durer contre lui.

Or, dans le même instant, le bon chevalier arrivait, fracassant comme la foudre, et au passage, d’un seul coup d’épée, il fendit le heaume et la coiffe de fer de monseigneur Gauvain, lui trancha le cuir et la chair jusqu’à l’os et lui fit vider les arçons. Ce que voyant, Hector s’éloigna un peu, tant parce qu’il songea que c’eût été sottise que de se mesurer contre l’homme capable de donner de tels coups, que parce qu’il devait aimer et protéger son neveu Galaad plutôt que le combattre. Et tous les chevaliers du tournoi furent dolents quand ils surent que c’était monseigneur Gauvain qui avait été navré de ce grand coup, car il était l’homme du siècle le plus connu et le plus aimé de toutes gens. Ils le portèrent au château où il fut désarmé et couché dans une chambre, loin du bruit ; puis ils mandèrent un médecin et lui promirent qu’ils le feraient riche s’il guérissait le blessé. À quoi le mire s’engagea.

Galaad cependant continuait son chemin. Et bientôt il vit venir à sa rencontre une demoi-