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LE SAINT GRAAL

forte, il décida d’y demander à coucher parce que son cheval était fort las. Justement le vavasseur était devant sa porte, causant avec quelques sergents.

— Beau sire, dit-il à Bohor, s’il vous plaît de vous héberger ici, vous serez demain avant prime à Cybèle : c’est tout proche. Jamais je n’ai vu passer tant de belle chevalerie ni de si riches harnais !

Bohor entra dans la maison où des valets vinrent prendre son cheval et le désarmèrent sous l’orme de la cour ; puis, après qu’il eut été lavé et baigné par des pucelles, et qu’on lui eut mis un riche manteau d’écarlate sur les épaules, il fut conduit dans la salle où l’on servit le souper. Et certes rien n’y manqua de ce qui convient à corps d’homme : toutes les chairs les plus fines, oisons, chapons rôtis, poules, cygnes, paons, perdrix, faisans, hérons, butors ; toutes les sortes de venaison, cerfs, daims, sangliers, chevreuils, lapins ; poisson à foison, esturgeons, saumons, plies, congres, rougets, morues, barbues, mulets, bars, soles, brèmes, maquereaux gras, merlans replets, harengs frais ; toutes les sauces les mieux épicées, au poivre, à la cameline, au verjus de grain et en beaucoup d’autres guises ; brochets et lamproies en galantine ; anguilles et tourterelles en pâtés ; mille espèces de pâtisseries, tartes renversées, gaufres, oublies, gougères, flans, pommes d’épices, crépines,