Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
L’HOMME VÊTU DES DRAPS DE RELIGION

de Dieu que tu l’éconduirais, mais pour être loué dans le siècle et pour avoir la vaine gloire du monde. Et ainsi tu serais plein de vanité et doublement homicide, car tu l’es déjà de ton frère que tu n’as pas secouru quand tu as préféré délivrer cette pucelle qui n’est pas de ta parenté. Regarde s’il valait mieux qu’elle fût forcée, ou qu’un des meilleurs chevaliers du monde fût occis !

À écouter de telles paroles, Bohor se sentait tout troublé. Et son guide ne tarda guère à lui montrer une sorte de chapelle toute vieille et ruineuse, au milieu de laquelle s’étendait une lame de marbre : il posa là-dessus le corps de Lionel et se mit en quête d’eau bénite ; mais il n’en trouva goutte.

— Bohor, lui dit l’homme vêtu des draps de religion, je reviendrai demain faire le service de ton frère. En attendant, nous nous hébergerons dans la maison voisine.

Le chevalier craignit, en refusant obéissance au prud’homme, de tomber encore dans le péché d’orgueil, et il l’accompagna à un manoir qui s’élevait non loin et où une dame, qui avait en elle toute la beauté terrienne, leur fit grand accueil.