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LE SAINT GRAAL

que sa bonté ou sa méchanceté ne dépend pas de son père et de sa mère, mais de son cœur. Le cœur de l’homme est semblable aux avirons qui conduisent la nef soit au port ou au péril.

Tout en causant ainsi, ils étaient arrivés à la maison de l’ermite, où Bohor se confessa des offenses qu’il avait faites à son Créateur ; mais, bien qu’il eût vécu dans les folies du monde, il n’était souillé d’aucun autre péché de chair que celui qu’il avait commis jadis avec la fille du roi Brangore d’Estrangore, de qui était né son fils Hélain le blanc, et le prêtre s’en émerveilla ; pourtant il lui enjoignit de ne manger que pain et eau et de porter, en guise de chemise, une rude bure blanche sous un manteau vermeil jusqu’à la fin de la quête du Graal. Et Bohor reçut le Corpus Domini ; puis il reprit sa route, armé comme doit l’être un chevalier célestiel et bien défendu contre l’Ennemi.


XV


Vers l’heure de none, il vit un oiseau blanc comme laine qui arrivait à tire d’ailes et se perchait sur un arbre. Là, l’oiseau, trouvant ses petits tout froids morts dans leur nid, commença de mener grand deuil ; puis il se frappa