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LE SAINT GRAAL

Car tel fut le sort des chevaliers de la Table ronde quand ils furent en quête du Saint Graal : hormis Galaad, Perceval, Bohor et Lancelot, il ne leur arriva rien qui mérite d’être rapporté dans un livre ; et ils s’en ébahirent beaucoup, car ils avaient pensé qu’en une si haute quête ils pourraient faire maintes chevaleries

Messire Gauvain et Hector résolurent de cheminer ensemble quelque temps. Un jour qu’ils traversaient une prairie verdoyante, ils aperçurent un chevalier armé de toutes armes qui leur cria du plus loin qu’il les vit :

— Joute ! Joute !

— En nom Dieu, dit messire Gauvain, c’est la première occasion de jouter que je trouve depuis mon départ de Camaaloth. Puisque celui-ci requiert bataille, il l’aura.

— Beau sire, laissez-moi faire, s’il vous plaît, demanda Hector.

— Non, par ma foi !

Ce disant, messire Gauvain mit lance sur feutre et s’élança, bruyant comme alérion, tandis que l’inconnu s’adressait à sa rencontre. Tous deux poussèrent leurs lances et les appuyèrent de telle force que les sursangles, les sangles, les bricoles, les arçons rompirent et qu’ils se portèrent à terre, la selle entre les cuisses, si rudement que le cœur leur en pensa éclater. Mais, aussitôt qu’ils purent, ils se rele-