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LE PÉCHEUR ENDURCI

dont il se sentait coupable envers Notre Seigneur, et d’abord qu’il ne s’était pas confessé depuis quatorze ans.

— Sire, lui dit le prêtre, quand vous reçûtes l’ordre de chevalerie, ce ne fut point pour devenir le serviteur de l’Ennemi, mais pour que vous fussiez le champion de Dieu et rendissiez à votre Créateur le trésor qu’il vous avait donné à garder : c’est votre âme. Et voilà que votre vie a été la plus mauvaise et la plus souillée qu’un chevalier ait jamais menée ! Pourtant, si vous vouliez vous amender, vous pourriez encore faire votre paix avec Notre Seigneur, à condition de vous repentir de vos péchés.

Mais messire Gauvain répondit qu’il ne pourrait souffrir de pénitence, et le prud’homme cessa de lui en parler, voyant que ce serait peine perdue.

Le lendemain, messire Gauvain repartit ; puis il chevaucha sans aventure jusqu’à la Madeleine, qu’il rencontra Hector des Mares. Et, certes, tous deux eurent grande joie de se revoir sains et saufs !

— Par ma foi, dit Hector, j’ai vainement parcouru des terres lointaines, des pays étrangers, des forêts sauvages, et j’ai crevé plus de dix chevaux, dont le pire était de grand prix, mais je n’ai trouvé aucune aventure. Cependant j’ai rencontré quinze ou vingt de nos compagnons : nul n’en a eu plus que moi.