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LE SAINT GRAAL

roches inaccessibles ; derrière, la forêt déserte où il devait cent fois mourir de faim. Il ôta ses armes, s’étendit sur le sol, les bras en croix, la tête tournée vers l’orient, et il se mit en prières, résolu d’attendre là que Notre Sire lui envoyât secours. Mais le conte le laisse à présent et devise de monseigneur Gauvain, le neveu du roi Artus, dont il n’a point parlé depuis longtemps.


XIII


Après qu’il eut quitté ses compagnons, il chevaucha plusieurs jours sans trouver d’aventure qui vaille d’être contée. Un soir, il arriva près d’un ermitage où il requit l’hospitalité au nom de la sainte charité. L’ermite, qui était vieux et ancien, la lui accorda, et, après lui avoir donné à manger, le mit en paroles et l’exhorta à se confesser, en lui alléguant de beaux exemples tirés des Évangiles, et en lui disant de songer au grand jour du Jugement où les saints eux-mêmes trembleront comme la feuille du figuier, quand Jésus-Christ montrera ses plaies et les fera saigner. Messire Gauvain regarda celui qui le conseillait ainsi, et, le voyant si prud’homme, il lui avoua tout ce