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LE SAINT GRAAL

mais ma chasteté, et que je ne pécherai plus avec la reine Guenièvre ni aucune autre.

Le prud’homme, joyeux, lui donna l’absolution et le bénit. Mais il le retint deux jours auprès de lui pour l’exhorter encore. Et le premier jour, il lui dit :

— Dans ton enfance, de bonnes vertus étaient en toi. Car, toutes les fois que tu songeais au mauvais désir de la chair, tu pensais qu’il n’est pas de plus haute chevalerie que de garder net et vierge son corps. Et tu étais humble : tu portais la tête inclinée. Et en toi tu avais la souffrance, telle une émeraude : rien ne vainc l’Ennemi comme la souffrance. Et tu avais la droiture, qui est vertu si puissante que par elle toutes choses sont estimées à leur valeur juste. Et tu avais la charité, car eusses-tu possédé toutes les richesses du monde, tu les eusses bien données pour l’amour de ton Créateur. Et le feu du Saint Esprit était alors chaud et ardent en toi, de façon que tu avais la volonté de maintenir ce que ces vertus t’avaient procuré.

« Ainsi fait, tu reçus le haut ordre de la chevalerie. Mais, quand l’Ennemi te vit ainsi armé et protégé de toutes parts, il se demanda comment il pourrait te tromper, et il pensa que ce serait par une femme plutôt que par aucun autre moyen : car c’est par une femme que notre premier père l’a été, et mêmement Salo-