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LA CONFESSION DE LANCELOT

et, même après dix ans, vingt ans, qu’on se nettoie du péché. Tous ceux qui sont entrés en cette haute quête du Graal devront passer par la porte appelée confession ; ainsi deviendront-ils chevaliers de Jésus-Christ et porteront Son écu, qui est fait de patience et humilité. Quant à ceux qui y sont entrés par une autre porte, non seulement ils ne trouveront pas ce qu’ils cherchent, mais ils tomberont dans le mal pour avoir voulu faire la besogne des chevaliers célestiels sans l’être. Ha ! ils auront honte et déshonneur à suffisance devant qu’ils reviennent !… Dites-moi donc vos péchés et je vous conseillerai selon mon pouvoir.

Lancelot hésitait : c’est qu’il ne voulait confier à personne ses amours avec la reine. Il soupirait du tréfonds de son cœur, incapable de parler, ne l’osant, quoiqu’il le désirât : tel celui qui est plus couard que hardi. Mais le prêtre l’exhortait si bien à se débarrasser du poids de son erreur, lui promettant la vie éternelle s’il l’avouait et les peines de l’enfer s’il la cachait, qu’enfin Lancelot commença de confesser la vérité.

— Sire, mon péché, c’est d’avoir aimé une dame toute ma vie : la reine Guenièvre, femme de monseigneur le roi Artus. C’est par elle que j’ai eu en abondance l’or, l’argent, tous les riches dons que j’ai souvent faits aux chevaliers pauvres ; c’est elle qui m’a mis en la hautesse